Le XC40, crossover et voiture de l’année 2018.
Autant être franc d’emblée: je ne suis pas fan des crossovers. La migration en masse de la clientèle des berlines traditionnelles à cette catégorie m’échappe encore. Les chiffres de vente en constante progression et l’élargissement de l’offre de la part de toutes les marques leaders du marché de notre pays vont finir par me faire passer pour un original et mérite explication.
Ayant grandi quelques années avec pour voiture familiale une Land Rover Defender 110, regrettée mais vieillissante, le choix de la remplaçante s’est logiquement tourné vers la gamme en vogue à cette époque “quand on a trois gamins”, soit le monospace. Habitacle spacieux, rangements pratiques et nombreux, toutes les places assises étant face à la route, ce type de voiture reste pour moi le top du top lorsque la situation le demande.
Lorsque les crossovers ont débarqué, la comparaison était inévitable. Pour un gabarit extérieur plus ou moins similaire, le crossover rend énormément d’espace intérieur. La vision panoramique étant moins convaincante, il n’y a que la position de conduite dominante qui vaille la peine, ainsi que l’absolue nécessité d’un système de traction intégrale. Toutefois, de mon point de vue pragmatique, la catégorie ne peut remplacer les voitures familiales.
Les mastodontes sont ensuite arrivés. Volvo XC90 et gros moteur pour gros frais d’entretien, la marque bleue et jaune se lance dans l’arène en 2002. Puis vient une version plus compacte en 2008, baptisée XC60, embarquant des moteurs plus abordables pour tout un chacun, avec des frais d’entretien réduits. Dix ans plus tard, le segment des 4400 mm voit débarquer un nouveau venu aux dents longues sous l’appellation XC40. Le modèle est auréolé du titre de voiture de l’année, décerné en prélude au salon de Genève 2018. Est-ce le crossover qui va me faire changer d’avis ? Suspense.
Stylistiquement parlant, un seul mot me vient à la bouche: beau ! Des lignes autoritaires, une impressionnante calandre et des dimensions bien équilibrées me séduisent dès le premier coup d’oeil. 4’427 mm de long pour 1’860mm de large, ce XC40 vise pile entre le VW Tiguan et l’Audi Q3 comme pour venir les déloger de leur piédestal de la branche premium. Oui, premium également lorsque nous nous installons au volant, découvrant des matériaux et une finition très soignée ainsi qu’un équipement complet, très poussé au niveau de la sécurité.
Cet exemplaire dispose de la plus puissante des motorisations avec le dénommé T5 AWD développant 247 ch à 5’500 t/min pour un couple de 350 Nm de 1’800 à 4’800 t/min, gérés par une boîte Geartronic à 8 rapports. Pour le reste de l’offre essence, il vous sera également proposé la version T4, traction intégrale ou pas au choix, de 190 ch à 4’700 t/min et 300 Nm de 1’300 à 4’000 t/min, ainsi qu’une version trois cylindre T3 traction de 156 ch à 5’000 t/min et 265 Nm de 1’600 à 3’850 t/min d’apparence légère pour mouvoir correctement ses 1’637 kg annoncés.
Si le diesel a perdu de sa superbe (Volvo va l’abandonner), il faut noter la présence d’un D4 de 190 ch à 4’000 t/min pour 400 Nm dès 1’750 jusqu’à 2’500 t/min et d’un D3, en quatre cylindres et traction, de 150ch à 3’750 t/min et 320 Nm de 1’750 à 3’000 t/min toujours léger d’aspect et sans trop d’intérêt car dépourvu de la traction intégrale.
Quel agrément de conduite pour un crossover moyen annoncé à 1’769 kg DIN, soit un des plus lourd du segment ? En ville, sa taille somme toute habituelle de nos jours ainsi que les équipements de sécurité active et passive mettent tout de suite en confiance. La position de conduite dominante est fort appréciable et confortable. Le silence dans l’habitacle, couplé au confort de l’amortissement, donnent directement le ton. Le poids précité ne se fait que peu sentir car clairement comblé par la verve du bloc T5. Les mouvements de caisse nous font oublier un centre de gravité forcément haut perché et ne sont pas désagréables.
Park Assist Pilot et caméra 360°, boite à vitesse en mode “tapis volant” et couple disponible à bas régime sans temps de réponse pour de courtes accélération finissent de convaincre que ce crossover est bien adapté à la ville. Sur autoroute, le constat est tout autant élogieux. Un silence dans l’habitacle presque sans concurrence, un confort d’amortissement exceptionnel et une boite à la gestion précise et rapide, je ne trouve pas d’autre chose à dire que bravo. Dans les bouchons, un petit test du Pilot Assist s’impose. Faisant de plus en plus parler d’elle, la conduite autonome semble se développer à une telle vitesse que mes enfants n’auront plus besoin de “bleu” pour se déplacer en voiture. Si la confiance doit régner pour une utilisation aux limitations de vitesse, ce système se révèle fort agréable dans les encombrements quotidiens de dodo à boulot.
Le système gérant de manière autonome la direction et la vitesse, vous n’êtes dérangé que lors de l’arrêt complet du véhicule qui nécessite une légère pression sur les gaz pour redémarrer. A basse vitesse, le système met en confiance et à aucun moment je n’ai eu besoin de reprendre le contrôle à la dernière seconde. La consultation de son smartphone, bien qu’interdite, nous sommes d’accord, est réellement possible. Dans un avenir proche et avec des “si”, il pourrait être possible de transformer son temps de trajet en temps libre et Volvo semble sur la bonne voie avec sa technologie embarquée.
Mais il y’a tout de même un terrain qui m’apparaît moins propice à ce XC40 T5, soit le réseau secondaire. Si l’amortissement, le tangage ainsi que le roulis sont toujours bien maîtrisés, les longues accélérations sont décevantes. Peu importe le style de conduite adopté, l’embonpoint de notre suédoise est pénalisant. Ayant commencé mon essai par ce type de route et ce soucis d’accélération m’ayant rapidement sauté aux yeux, j’ai véritablement contrôlé qu’il s’agissait du bloc T5 et ses 247 ch présents sous le capot. Si l’accélération ne doit pas être comparée à une sportive, il est tout de même à relever que la mise en vitesse est tellement linéaire et lente que je n’imagine pas viable d’opter pour une des motorisations moins performantes.
Le manque d’allonge relatif du 4 cylindres turbo couplé à des rapports supérieurs relativement longs et conjugué au poids élevé diluent les sensations et les rendent trompeuses. Le XC40 T5 ne devrait pas avoir à rougir des 6.5 secondes revendiquées sur le 0-100 km/h, mais son couple maxi est juste en ligne avec une concurrence nettement plus légère dans le cas d’un Q3 pourtant vieillissant.
Quid de l’habitabilité ? Je dois dire que j’ai été plus qu’agréablement surpris par ce qui est proposé. Les places avant sont d’un confort réellement au-dessus de la moyenne avec un espace et des rangements corrects. Les places arrières sont remarquables tant par l’espace que par la finition qui les entoure ainsi que leur aptitude à embarquer de grands adultes sur long trajet. Le volume du coffre coince un peu avec 460L au minimum, soit l’équivalent d’un Audi Q3, plus compact extérieurement parlant, et bien en-dessous de la référence en la matière, soit le VW Tiguan de 2ème génération. Toutefois, la profondeur du coffre permet de charger le nécessaire familial sans soucis et ce volume un peu décevant est expliqué par un seuil de chargement assez haut.
Les éléments stylistiques sont beaux tant à l’intérieur qu’à l’extérieur et très proches du style Volvo reconnaissable au premier coup d’oeil. Contre-partie de cette finition premium, le tarif prend rapidement l’ascenseur, avec CHF 71’800 dans la configuration testée. Ça pique!
Coté consommation, c’est un résultat de tout juste 9.9L au cent qui a été calculé contre une donnée constructeur de 7.1L. Conduisant plutôt de manière cool avec de longs trajets sur autoroute, je m’attendais à un meilleur résultat. Le poids de la bête additionné au moteur plus puissant que la concurrence y sont pour beaucoup dans ce résultat. Si les frais d’entretien courant seront moins élevé que pour un XC60 ou XC90, ils ne sont tout de même pas encore accessible à tous.
Soyons clairs, Volvo sait faire de bonnes voitures en général – et de bons crossovers en particulier – et ce XC40 ne déroge pas à la règle. Si la qualité des matériaux et de la finition sont au-dessus de ce que propose la concurrence premium, même chez Jaguar, les performances du moteur T5 m’ont un peu laissé sur ma faim. Sans pour autant me faire fondamentalement changer d’avis sur les crossovers, ce XC40 illustre parfaitement les attraits d’un crossover par rapport à un monospace: position de conduite, transmission intégrale, design et allure trendy. Les ventes ne risquent pas de baisser de si tôt avec des produits de si bonne qualité, au rendez-vous d’une solide demande de la part de la clientèle.
Prix et configuration du modèle testé
Volvo XC40 T5 Momentum | CHF 52’600 | EUR 45’650 |
Finition R-Design | CHF 3’500 | EUR 2’870 |
Peinture Bursting Blue | CHF 1’250 | EUR 1’350 |
Jantes 8 x 20 Matt Black/Diamond | CHF 1’200 | EUR 2’960 |
Vitre latérale et lunette fumée | CHF 500 | EUR 390 |
Business Pro Pack | CHF 1’500 | N. D. |
Connect Pack | CHF 500 | N. D. |
Intellisafe Pro Pack | CHF 1’850 | EUR 1’500 |
Mirrors Pack | CHF 550 | N. D. |
Park Assist Pilot | CHF 1’580 | EUR 600 |
Versatility Pro Pack | CHF 1’250 | EUR 1’000 |
Winter Pack | CHF 350 | EUR 350 |
Winter Pro Pack | CHF 1’450 | EUR 1’200 |
Xenium Pack | CHF 2’300 | EUR 1’850 |
Palette au volant | CHF 180 | EUR 150 |
Système d’alarme | CHF 500 | EUR 480 |
Porte arrière avec sécurité enfant électrique | CHF 120 | EUR 90 |
Radio DAB+ | CHF 300 | EUR 300 |
Lave-phare | CHF 320 | EUR 260 |
Total | CHF 71’800 | EUR 61’000 |
Face à la concurrence
Volvo XC40 T5 R-Design |
Jaguar E-Pace P250 AWD |
VW Tiguan 2.0 TSI 4Motion | Audi Q3 2.0 TFSI | |
Moteur | L4 1969 cm3 | L4 1998 cm3 | L4 Turbo 1984 cm3 | L4 turbo 1984 cm3 |
Puissance (ch / t/min) | 247 / 5500 | 249 / 5500 | 180 / 3940-6000 | 220 / 4500-6200 |
Couple (Nm / t/min) | 350 / 1800-4800 | 365 / 1200-4500 | 320 / 1500-3940 | 350 / 1500-4400 |
Transmission | AWD | AWD | 4Motion | Quattro |
Boite à vitesses | automatique 8 | automatique 9 | DSG7 | S-Tronic 7 |
RPP (kg/ch) | 7.16 | 7.36 | 9.56 | (7.11) |
Poids DIN (constr.) | (1769) | (1832) | 1721 AV 57.8% AR 42.2% |
(1565) |
0-100 km/h (sec.) | 6.5 | 7.0 | 7.7 | 6.4 |
Vitesse max. (km/h) | 230 | 230 | 208 | 233 |
Consommation mixte (constr.) | 9.9 (7.1) | (7.7) | 8.5 (7.1) | (7.2) |
Réservoir (l) | 54 | 69 | 58 | 64 |
Emissions CO2 (g/km) | 166 | 174 | 165 | 168 |
Longueur (mm) | 4425 | 4395 | 4486 | 4388 |
Largeur (mm) | 1863 / 2034 | 1984 / 2088 | 1839/2099 | 1831/2019 |
Hauteur (mm) | 1652 | 1649 | 1643 | 1608 |
Empattement (mm) | 2702 | 2681 | 2681 | 2603 |
Coffre | 460-1336 | 577 | 615-1655 | 460-1365 |
Pneumatiques | 245/45 R20 | 225/55 R17 | 235/50 R19 | 235/55 R17 |
Prix de base (CHF) | 56’100 | 50’700 | 44’100 | 51’300 |
Prix de base (EUR) | 48’520 | 42’800 | 41’810 | 41’700 |
Nos remerciements à Volvo Suisse pour le prêt de ce XC40.
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