Le style consensuel d’Aston Martin dans une configuration originale.
Présentée au salon de Francfort 2009, l’Aston Martin Rapide est entrée dans sa neuvième années de production. L’idée d’une berline coupé sur base de DB9 pouvait paraître séduisante, d’autant plus que sa gestation coïncidait avec celle de la Porsche Panamera, dévoilée au public au salon de Shanghai en avril 2009.
A l’origine, la Rapide était motorisée par une version du V12 de 6.0 litres développant 600 Nm à 5’000 t/min et 470 ch à 6’000 t/min. En 2014, un facelift la dote d’une évolution du moteur portant le couple à 630 Nm à 5550 t/min alors que la puissance fait un bond significatif pour atteindre 560 ch à 6650 t/min. L’intérieur est également revu avec une console centrale repensée et un système d’infotainment modernisé.
Pour le reste, la Rapide reste la Rapide. Légèrement plus courte qu’une Porsche Panamera 2, mais plus basse de six centimètres, l’élégance naturelle est frappante, presque envoûtante, à fortiori dans cet Ultramarine Black aux reflets bleutés chatoyants. Je ne fais pourtant pas partie des fans inconditionnels de “l’ancien style” Aston Martin (entendez pré DB11), un peu trop lisse et convenu à mon goût. Appliqué à cette Rapide, il est difficile de ne pas tomber sous le charme. La fluidité des lignes, les galbes des ailes, les flancs cintrés, des proportions presque grandioses. Il n’y a guère que la calandre qui reste à mes yeux un sujet de discussion. La longueur lui confère une présence remarquable.
Et le ravissement se poursuit à l’intérieur. Cuir gaufré à gogo avec surpiqûres contrastantes, un ciel de toit mêlant le même motif de cuir avec de l’alcantara, l’ensemble serait à même de convertir un frère jésuite en capitaliste radical. La finition piano black ne serait pas mon premier choix, mais il suffit de se risquer à explorer le configurateur en ligne d’Aston Martin pour trouver des combinaisons alléchantes. Quelques détails détonnent si on va les chercher, les commodos en plastique par exemple, le petit écran multimédia trônant sur la console centrale trahit l’âge de l’auto.
Le combiné d’instruments, les petits écrans à cristaux liquides incrustés, la clé à l’extrémité en cristal à insérer au centre du tableau de bord sont tous la réminiscence des agencements de l’ancienne génération d’Aston Martin, remontant à 2004 avec la DB9, mais collent bien à l’ambiance classique dégagée par la voiture.
La Rapide est une stricte quatre places, ou plus exactement une 2+2 “majuscule”, inhabituellement généreuse. Installer des adultes dans les deux sièges arrière est une entreprise réaliste. La place est comptée, tant en hauteur qu’aux genoux, mais ne ferait pas un trajet d’une heure un calvaire mémorable. Les dossiers des sièges arrière sont rabattables et libèrent un espace de chargement appréciable. L’opération expose toutefois la précieuse sellerie à de probables dommages à moins d’être très soigneux. En comparaison, une Porsche Panamera est plus accueillante, une Bentley Continental GT ou une Ferrari GTC4Lusso nettement moins, ne serait-ce que pour des questions d’accès.
L’empattement de la plateforme VH a été allongé de 24 centimètres et je nourrissais des craintes quant à l’impact structurel. Craintes injustifiées car la rigidité est bonne. Aucune vibration ne remonte du plancher au passage de cassures, et si il y a imperfections, il faut sans doute aller les chercher dans les liaisons du train avant, et elles restent mineures. L’attention peut rapidement se relâcher et laisser place au plaisir de quitter Zürich au volant de cette resplendissante automobile.
La boîte Touchtronic III à 8 rapports d’origine ZF est logée en position transaxle, sur le train arrière. Elle tire un rapport final plutôt long, le V12 ronronne à moins de 2000 t/min à 150 km/h indiqués, ce qui rend les trajets autoroutiers très agréables. Elle souffre des défauts communs à trop de boîtes automatiques, notamment le fait d’embarquer à la montée de certains rapports, mais l’essentiel est relativement bien exécuté, tant dans la rapidité de réaction aux impulsions sur les palettes que dans l’exécution des changements de vitesse. L’égalisation de régime au rétrogradage est également bien jugée.
Et ce V12 ? Il a de beaux restes, serait-on tenté de dire, surtout dans le département sonore. Un grondement rauque qui devient un rien métallique dans la partie supérieure du compte-tours, une note d’échappement présente sans être vulgaire, et un bel appétit à monter en régime jusqu’à l’intervention du rupteur. Le régime de couple maxi est relativement haut perché, mais les reprises sont bonnes dès 3500 t/min, ménageant une belle allonge sur tracé sinueux. Dans l’absolu, les performances ne permettront pas d’aller chatouiller une GT dernier cri bien menée sur un col alpin, mais le rapport poids puissance de 3.61 kg/ch n’a rien de ridicule, bien au contraire.
L’anecdote peut paraître apocryphe mais est confirmée officiellement: les origines de ce V12 remontent au concept car Ford Indigo de 1996 et à l’utilisation de nombreuses pièces du V6 Duratec, ainsi que les mêmes cotes, 89.0 mm x 79.5 mm. Les premières applications du groupe de série apparaîtront sur la DB7 V12 et la Vanquish, suivies de DB9, DBS et enfin de la Rapide.
Le châssis rend également la Rapide étonnamment attrayante en conduite rapide. L’équilibre est légèrement sous-vireur à la limite, mais par ailleurs très sain, conférant à cette grande berline-coupé des aptitudes au grand tourisme inspiré qu’on ne soupçonnerait pas. Les sensations sont moins cliniques et détachées que sur une Bentley Continental GT par exemple, la direction remonte bien les informations provenant du train avant et l’amortissement est bien jugé.
Evaluée sur des critères froids et modernes – voire modernistes – l’Aston Martin Rapide S accuse l’âge de sa conception, mais le charme de cette auto à la fois un peu folle et remarquablement pragmatique demeure indéniable. Même son tarif pourrait paraître raisonnable si l’on considère la prestance de l’objet, la beauté de certaines de ses finitions et des attributs comme le V12 de 6.0 litres.
Paradoxalement, partant des mêmes ingrédients qu’une DB9, la mayonnaise prend mieux dans cette Rapide S, peut-être parce qu’on attend naturellement un peu moins d’elle dans un registre purement sportif, et qu’on bénéficie en contrepartie de ses côtés polyvalents, ludiques et originaux. Il peut être facile de sous-évaluer l’Aston Martin Rapide S sur le papier pour son côté iconoclaste, mais la voiture mérite attention et surprendra par une expérience de conduite raffinée et charmante.
Prix des options du véhicule essayé
Aston Martin Rapide S | CHF 203’900 | |
Aston Martin Rapide S Shadow Edition | CHF 207’800 | € 168’563 |
B&O BeoSound Audio AU07 | CHF 8’195 | € 6’608 |
Système de divertissement arrière RSE1 | CHF 3’730 | € 3’004 |
Sièges ventilés CFS1 | CHF 1’690 | € 1’228 |
Deuxième clé KEY3 | CHF 820 | € 595 |
Vitrage arrière assombri PRG1 | CHF 820 | € 595 |
Poignée arrière TOF1 | CHF 490 | € 353 |
Alarme volumétrique AS01 | CHF 490 | € 353 |
Rétroviseur intérieur automatique RV01 | CHF 325 | € 233 |
Kit de premiers secours | CHF 160 | € 115 |
TOTAL | CHF 224’520 | € 181’881 HT |
Face à la concurrence – caractéristiques techniques
Aston Martin Rapide S | Bentley Continental GT | Porsche Panamera Turbo | Ferrari GTC4 Lusso T | |
Moteur | V12 5935 cm3 | W12 5950 cm3 biturbo | V8 3996 cm3 biturbo | V8 3855 cm3 biturbo |
Puissance (ch / t/min) | 560 / 6650 | 635 / 6000 | 550 / 5750-6000 | 610 / 7500 |
Couple (Nm / t/min) | 630 / 5550 | 900 / 1350-4500 | 770 / 1960-4500 | 760 / 3000-5250 |
Transmission | AR | 4×4 | PTM | AR |
Boite à vitesses | Touchtronic III 8 rapports | DCT 8 | PDK 8 | F1 7 rapports |
RPP (kg/ch) | 3.61 | (3.53) | (3.63) | (3.06) |
Poids DIN (constr.) | 2023 (1990) 49.4% AV 50.6% AR |
(2244) | (1995) | (1865) |
0-100 km/h (sec.) | 4.4 | 3.7 | 3.6 | 3.9 |
Vitesse max. (km/h) | 327 | 333 | 306 | 320 |
Conso Mixte (constr.) | 15.6 (12.9) | (12.2) | (9.4) | (11.6) |
CO2 (g/km) | 300 | 278 | 214 | 265 |
Réservoir (l) | 90.5 | 90 | 90 | 91 |
Longueur (mm) | 5019 | 4850 | 5049 | 4922 |
Largeur (mm) | 1929-2140 | 1966-2187 | 1937 | 1980 |
Hauteur (mm) | 1360 | 1405 | 1427 | 1383 |
Empattement (mm) | 2989 | 2851 | 2950 | 2990 |
Coffre (L) | N.C. | 358 | 500 | 450-800 |
Pneus | 245/40 R20 295/35 R20 |
N.C. | 275/40 R20 315/35 R20 |
245/35 R20 295/35 R20 |
Prix de base (CHF) | 203’900 | N.C. | 206’200 | 267’906 |
Prix de base (EUR) | 197’455 | 210’000 | 159’047 | 230’260 |
Nos remerciements à Aston Martin Europe & Aston Martin Zürich pour la mise à disposition de cette Rapide S.
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