La quatrième génération du pionnier des monospaces compacts.
Je n’étais pas né lors du lancement du Renault Espace en 1984 mais je me souviens avoir vu débarquer sur nos routes, en 1996, le Renault Scenic de première génération. Période faste pour la marque au losange qui réussissait tout ce qu’elle sortait (Clio Williams, Megane Coupe, Laguna, Espace III, etc.) et le premier monospace compact n’allait pas échapper à la règle. Cinq millions d’unités plus tard, la quatrième génération est présentée au salon de Genève 2016, cultivant une ressemblance poussée avec l’Espace V et se détachant du style familial des trois précédentes versions. Il fallait bien que le Scenic se réinvente pour continuer d’exister face aux SUVs qui viennent peu à peu marcher sur les plates-bandes des MPV, segment phare du début du millénaire devenu, à la longue, un peu “has-been”. Sur presque mille kilomètres, laissez-moi vous expliquer ce que Renault propose pour charmer les familles.
“Un design en forte rupture” sont les premiers mots en gras du dossier de presse. Fini les lignes pataudes et sympathiques du “monospace de papa”, faites places au design recherché jouant la carte de la séduction. Une silhouette racée commençant par le désormais incontournable losange central de la nouvelle identité de la marque pour s’étirer sur des feux “LED pure vision” et une signature en C pour les feux de jour. Aérodynamisme optimisé afin de réduire de SCx, l’avant est taillé comme un obus pour arriver sur un grand pare-brise augmentant notre visibilité depuis l’habitable. La suite se veut dynamique et homogène avec des vitres latérales moins hautes pour affiner l’allure. Les roues de 20 pouces, dont nous reparlerons, sont une première sur ce segment et une fierté des designers, amenant un passage de roue plein comme sur les voitures à vocation sportive.
La version “Grand” paraît longue, très longue à l’oeil, mais n’accuse que 4’634 mm, ce qui est dans la moyenne des monospaces compacts. Avec 75 mm supplémentaires par rapport à la 3ème génération, ce Grand Scenic remplace clairement la version courte de la 4ème génération d’Espace. Le hayon arrière est coupé net mais offre une bonne accessibilité au coffre, élément important pour ce segment. Les feux arrières, différents entre les versions courte et longue, optent pour un design réussi qui rappelle Volvo.
Une fois à l’intérieur, le grand pare-brise offre effectivement une visibilité exceptionnelle sous tous les angles, principalement grâce aux montants “A” doublés, fins et typiques du savoir-faire de Renault. Le toit panoramique fixe baigne de lumière l’ensemble de l’habitacle et les couleurs, propres à la finition Initiale Paris, ne font que renforcer ce sentiment lumineux. D’innombrables rangements sont présents un peu partout pour un total de 63L et, couplé aux 596L du coffre de la version sept places en configuration cinq places, le total des espaces de rangement est vraiment appréciable.
C’est dans cette configuration que notre Scenic est le plus impressionnant dans son habitabilité. Beaucoup de place à l’avant mais également pour la deuxième rangée. Le transport de cinq adultes n’est vraiment pas problématique sur longue distance. En version sept places, la deuxième rangée doit être avancée pour laisser de l’espace aux jambes aux deux places arrières, cachées dans le plancher, et cette configuration doit plus être considérée comme un “dépannage” qu’une véritable solution pour descendre au sud de la France entre potes. Mais il n’empêche qu’au vu de ses dimensions en longueur ainsi qu’en largeur, soit 1’865 mm, les espaces disponibles sont impressionnants.
Une fois à son volant, je note une belle augmentation de la hauteur d’assise, afin de se rapprocher des hauteurs dominantes des SUVs, avec une garde au sol de 160 mm rehaussée de 30 mm. Les voies ainsi que l’empattement ont également été majorés pour proposer un châssis plus stable, tant au niveau du roulis que du tangage, dans la continuité de ce qui avait déjà été mentionné dans l’essai du Captur, et ces modifications sont convaincantes en évolution urbaine.
Le bloc 1.6 dCi EDC développe 160 ch à 4’000 t/min pour 380 Nm à partir de 1’750 t/min. Couplé à la boite à double embrayage EDC 6, nous n’avons qu’à nous occuper du volant. L’avant, plongeant et court, est facile à guider dans n’importe quel carrefour et les aspérités de la route sont bien amortis. Le bruit du moteur est malgré tout bien présent dans l’habitacle, surtout lors des accélérations plus marqu;es, mais les passages de vitesses sont bien maîtrisés et se font discrets. Depuis notre poste de pilotage, nous dominons la circulation et voyons parfaitement sur 180 degrés. La direction précise mais facile nous permets d’évoluer et manœuvrer facilement. De plus, l’Easy Park Assist est toujours partant pour un parcage difficile, et la caméra de recul assistée des capteurs de proximité nous aident à maîtriser ce gabarit.
Le terrain de jeu de prédilection du Grand Scenic ne se limite pas aux centres urbains. A 80 km/h ou sur autoroute, le confort est vraiment impressionnant et, pour avoir comparé les deux modèles, surpasse à mon avis l’Espace sur le fait qu’on se sent moins à bord d’un gros bateau, tant lorsque nous sommes passagers que conducteur. La direction est toujours précise, le roulis peu présent et le tangage, grâce à l’empattement allongé de 35 mm, bien maîtrisés. Les divers modes de conduite proposés, du “Confort” au “Sport” en passant par l'”Eco” et le “Neutre” n’apportent pas de réelle différence sur la réponse moteur ainsi que sur l’amortissement. L’ambiance lumineuse intérieure est changée par contre, ce qui est toujours sympa à mon avis. Les passages de rapports sont toujours corrects et les rétrogradages sont moins violents et marqués que j’avais pu le constater sur la Megane GT.
Fabriqué dans la même usine que son grand frère Espace, le Scenic s’offre une multitude de technologies issues du segment supérieur. Si le R-Link 2 est déjà bien connu, le One Touch Folding est aussi disponible pour rabattre d’un seul geste des sièges de la deuxième et troisième rangée. Le régulateur de vitesse adaptatif est également très performant pour encore améliorer le confort de conduite sur long trajets. L’alerte de franchissement de ligne, nommé LDW, est bien présent mais sait se faire discret et ne corrige par la trajectoire mais nous indique simplement par une vibration le franchissement de voie. Couplez ceci avec des sièges avant bien enveloppants et confortables à souhait, en cuir Nappa pleine fleur qui plus est, et vous vous sentirez comme dans votre salon.
Un sans faute ? Je dirais presque. Un énorme effort a été fait sur la position de conduite, le design et la finition pour devenir une alternative à nouveau crédible aux SUVs. La technologie embarquée ainsi que la modularité n’a rien à envier à la concurrence et le rapport qualité/prix est excellent. Que faut-il remettre un peu en question? Je dirais, tout d’abord, l’assortiment de motorisations proposés hors diesel. Le dCi 160 essayé est bon, puissant, coupleux donc semble être le bloc idéal des longs trajets. La consommation annoncée n’est, comme d’habitude, pas en adéquation avec la réalité mais reste raisonnable.
En essence, c’est une autre histoire car seul le bloc TCe 1.2 est actuellement disponible pour deux puissances différentes: 115 et 130 ch. Devant ce manque d’offre, Renault a décidé de réagir en lançant un nouveau TCe 1.3 développé avec l’Alliance et Daimler. Trois niveaux de puissance seront proposés, soit 115, 140 et 160 ch pour un couple maxi de 260 à 270 Nm disponible dès 1’750 t/min pour la version la plus puissante. Pas encore disponible à l’essai, il sera intéressant d’évaluer ces nouveaux blocs pour pouvoir prendre position sur leurs aptitutes à bien mouvoir le Grand Scenic. Ne doutez pas que je me ferai un plaisir d’essayer ce moteur à la première opportunité.
Un deuxième bémol est également présent sur le manque de transmission intégrale. Il est certain que ce type de transmission n’est pas légion pour les MPV mais, afin de se rapprocher encore plus des SUVs, une telle transmission ne serait pas totalement inutile, surtout au vu de la part de marché des 4×4 immatriculés en Suisse en 2017. Enfin, je pense qu’il y a lieu de revenir sur ces roues surdimensionnées de vingt pouces. Si la taille standard devient de plus en plus grande, la dimension du pneu de 195/55 R20 est, elle, bien moins standard. En réalité, pour l’instant, uniquement trois grands manufacturiers proposent cette taille ce qui laisse peu le choix du budget pour une voiture familiale se voulant économique. Et n’imaginez pas demander un “downsizing” même pour l’hiver, l’équilibre et le confort de roulement du châssis dépend réellement de ces tailles de galettes hors-normes.
Renault a bien corrigé le tir de ses modèles familiaux phares passés de mode avec un look plus utilitaire que familial. L’Espace a ouvert la voie et le Scenic s’est engouffré à l’intérieur. De plus, cette quatrième génération, voulue plus accessible tant par son rapport prix/prestation que par son coût d’entretien, n’a pas à rougir de l’équipement embarqué, pas vraiment en deçà de ce que l’Espace peut vous offrir.Il n’est par ailleurs pas nécessaire d’ajouter beaucoup d’option en finition Initiale Paris. La modularité intérieure, un peu en retard – il faut l’avouer – sur les anciennes générations, est revenue dans la norme. Les nouveaux blocs essence devront encore être validés. Pour le reste, il est difficile de formuler d’autres critiques pour un monospace qui semble bien adapté à notre marché. Maintenant, c’est à vous de vous en faire une idée.
Prix et options du véhicule essayé
Renault Grand Scenic dCi 160 Intens | CHF 36’400 | € 36’800 |
Finition « Initiale Paris » | CHF 3’300 | € 3’000 |
Toit vitré panoramique | CHF 900 | € 700 |
Deux sièges arrière supplémentaires | CHF 900 | € 600 |
Peinture Noir Amethyste | CHF 900 | € 850 |
Total | CHF 42’400 | € 41’950 |
Données techniques – face à la concurrence
Renault Scenic Initiale Paris dCi 160 | Citroën Grand C4 Picasso Shine |
Volkswagen Touran 2.0 TDI SCR Highline |
Opel Zafira Excellence 1.6 CDTI |
|
Moteur | L4 1’598cm3 | L4 1’560cm3 | L4 1’968cm3 | L4 1’598cm3 |
Puissance (ch / t/min) | 160 / 4’000 | 120 / 3’500 | 150 / 3’500-4’000 | 134 / 3’500-4’000 |
Couple (Nm / tr/min) | 380 / 1750 | 300 / 1’750 | 340 / 1’750-3’000 | 320 / 2’000 |
Transmission | traction | traction | traction | traction |
Boite à vitesses | EDC 6 | man. 6 / EAT 6 | man. 6 / DSG 6 | man. 6 |
RPP (kg/ch) | 9.3 | 12.6 / 13.0 | 10.3 | 12.0 |
Poids DIN (constr.) | (1490) | (1515) / (1557) | (1552) | (1613) |
0-100 km/h (sec.) | 10.7 | 11.7 / 11.5 | 9.3 | 11.6 |
Vitesse max. (km/h) | 208 | 189 / 188 | 208 | 191 |
Conso. Mixte (constr.) | 7.0 (4.7) | (4.0) / (3.9) | (4.6) / (4.7) | (4.7) |
CO2 (g/km) | 122 | 105 / 103 | 120 / 122 | 125 |
Réservoir (l) | 53 | 60 | 58 | 58 |
Longueur (mm) | 4634 | 4602 | 4527 | 4666 |
Largeur (mm) | 1866 / 2128 | 1826 | 1829 / 2087 | 1928 / 2100 |
Hauteur (mm) | 1655 | 1638 | 1659 | 1685 |
Empattement (mm) | 2804 | 2845 | 2791 | 2760 |
Coffre (L) | 596 | 645 | 834 | 710 |
Pneus | 195/55 R20 | 205/60 R16 | 215/55 R17 | 225/50 R17 |
Prix de base (CHF) | 36’400 | 37’040 / 38’840 | 44’000 / 46’550 | 36’000 |
Prix de base (EUR) | 36’800 | 35’600 / 37’100 | 36’240 / 38’010 | 33’500 |
Nos remerciements à Renault Suisse pour le prêt de ce Grand Scenic Initiale Paris.
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