Essai Mazda MX-5 ND: oui !
Le test pendulaire effectué, restait à confronter cette MX-5 à ce qui doit rester son domaine de prédilection en tant que roadster: la balade automobile, les grands espaces, en communion avec les éléments. Des souvenirs émus au volant de la Caterham 485R m’emmènent sur le Glaubenberg, un col hors des sentiers battus, entre Obwald et l’Entlebuch. Une route sinueuse et étroite. Il ne fait pas un temps à mettre un roadster dehors, le thermomètre indique 8 degrés en plaine et une alarme retentit alors qu’elle passe à 4 degrés et que de la neige saupoudre graduellement les cimes des sapins. Malgré le froid, le grip es Yokohama Advan reste conséquent, largement suffisant pour faire regretter le manque de maintien latéral du siège. Je bénis les ingénieurs de Mazda d’avoir peaufiné la disposition des pédales et la commande de boîte car il faut en user et abuser pour extraire tout le jus du petit 1.5L. Il prend des tours sans rechigner, allongeant jusqu’à 7500 tours pour atteindre une épingle, et le trou entre deuxième et troisième rapport ne lui fait aucun cadeau. Même en allant chatouiller le rupteur, on retombe en-dessous des 4800 t/min du régime de couple maxi.
L’élément le plus rafraichissant n’est ni la température pré-hivernale, ni le fait qu’il faut taper dans ce moteur sans hésitation, mais bien le fait que, ce faisant, on reste à des vitesses raisonnables au regard de la loi. Je ne me souviens pas de la dernière auto testée où enquiller une enfilade à fond de troisième ne requiert pas immédiatement des coups d’oeils inquiets au compteur de vitesse. Cette MX-5. c’est l’attaque maximale avec le risque minimal pour le permis. Les virages et épingles sont négociés avec aise, il suffit d’inscrire l’avant puis d’ouvrir en grand, le transfert de masses posant immédiatement l’auto sur sa roue arrière extérieure. Avec 150 Nm, les risques de survirage brutal demeurent ténus, tout du moins sous l’action du pied droit, et l’absence d’autobloquant en rien problématique. L’amortissement est très bien jugé, avalant les inégalités d’une route de montagne sans que l’auto se désunisse. Les photos en appui trahissent un roulis marqué, plus qu’on ne le ressent au volant. Une petite pause pour méditer sur les imminent frimas de l’hiver et je pointe le museau de la MX-5 vers l’aval.
La MX-5 1.5 est le genre d’auto qui gagne à travailler avec la gravité plutôt que contre elle. L’impression d’être constamment à fond s’estompe, le pilotage devient plus fin, d’autant plus que le train arrière devient nettement plus léger avec la pente descendante. Là où la Mazda reserrait gentiment la trajectoire au lever de pied à la montée, elle devient maintenant nettement plus mobile , au point de pouvoir surprendre si l’ESP est nonchalamment déconnecté.
Je répète l’expérience sur le tracé plus roulant du Brunig. Banzai depuis Lungern, fond de deux, fond de trois, avec l’objectif de ne jamais descendre trop en-dessous des 5000 t/min et d’emmener autant de vitesse que possible dans chaque virage. Les dépassements demandent un certain réalisme, on est loin de la frappe chirurgicale d’une GT coupleuse qui permet de piquer un promeneur à la moindre ouverture. Je remets le couvert à la descente. Il est vraiment facile de se prendre au jeu, d’aller chercher les limites de grip et de jouer avec l’adhérence d’un train arrière si léger lorsqu’on le déleste un tant soit peu. L’avant téléphone plutôt bien les limites de grip, permettant de flirter avec les limites d’adhérence avant que la trajectoire ne s’élargisse. Les réactions restent bénignes, gérables. Ce qui passerait pour un “moment” dans une grosse GT reste dans le domaine du ludique. Une grosse tranche de fun à des vitesses raisonnables, un retour aux fondamentaux du pilotage sans la facilité d’une cavalerie surabondante. Les sensations me rappellent la Toyota GT86 et sa propension à drifter si l’on emmène suffisamment de vitesse pour amener les pneus arrière au-delà de leur limite de grip.
Une question lancinante demeure cependant: le petit 1.5L de 131 chevaux est-il réellement le meilleur choix de motorisation, au risque de se lasser et de devenir vraiment mince en altitude ?
MX-5 2 litres, le juste choix ?
Avec les premiers essais, la rumeur s’est rapidement répandue dans l’auto-blogo-sphère que la 1.5L 131ch serait LA MX-5 à acheter. Il nous tenait donc à coeur d’essayer la version 2.0L 160ch pour en avoir le coeur net et former notre propre opinion. Et grand bien nous en a pris. Si la MX-5 1.5 est une auto amusante, nous pouvons affirmer au terme d’une troisième semaine d’essai que la motorisation 2.0 litres n’amène que des avantages. Dès les premiers kilomètres, la différence est flagrante, et ne fait que se renforcer sur la durée.