Essai Lotus Elise Club Racer: l’école des fans
La commande de boîte est douce et précise malgré un débattement trop long, le pédalier parfait pour le talon pointe, mais l’étagement des rapports perfectible pour extraire tout le jus du moteur. La 6ème est par ailleurs exagérément longue, viable qu’au plat et à vitesse constante sur autoroute. Tirer 3600 t/min à 150 km/h indiqués avec un petit 4 cylindres atmosphérique est une aberration. Notons au passage la sobriété relative de l’auto, 7.9 L/100km sur l’ensemble de l’essai.
La direction non-assistée amène passablement de compromis. Démultipliée pour diminuer un effort au volant qui demeure malgré tout significatif, elle combine les défauts d’être à la fois trop lourde et trop peu directe. Le passage des épingles de montagne est quasi-impossible sans croiser ou tricoter sur la jante du volant. En appui prononcé, la tenue du volant demande trop de force pour pouvoir garantir une trajectoire précise, mal aidé par des sièges dont le maintien latéral est symbolique. On est ainsi plus occupé à tenir la voiture qu’à la sentir. Arc-bouté au volant, la force supplante la finesse, ce qui est un comble pour une auto voulue comme légère, mais qui se révèle camionesque à emmener sur parcours sinueux. Que les puristes couinent à satiété, je trouve que c’est un des plus gros défauts de l’Elise Club Racer, plus rédhibitoire que son moteur fade. Le surpoids d’une direction assistée serait largement compensé par un plaisir de conduite accru.
Empruntant le Brunig puis le Susten par un petit matin de fête nationale frais mais ensoleillé, les routes sont quasi désertes mais les rares motards lève-tôt me donnent du fil à retordre. Mes biceps souffrent, l’Elise est infiniment plus rapide que les deux-roues dans les enchaînements serrés, mais tout dépassement à la montée sur les rares rectilignes est hors de question, faute de couple, même si le véhicule précédent y met du sien. Le grip des Yokohama Advan Neova AD07 est considérable, mais leur limite est bien difficile à cerner dans ces conditions routières. Avec de telles gommes et sur le sec, la motricité n’est bien évidemment jamais prise en défaut. Je n’ai ainsi constaté aucune différence de comportement lorsque le mode sport est enclenché (bouton sur la console centrale), l’ESP n’intervenant jamais dans ces conditions.
La descente vers Wassen est nettement plus attrayante, d’une part car elle gomme le handicap moteur, mais aussi parce que les enchaînements moins serrés et plus rapides atténuent la sensation de lourdeur de la direction. La voiture devient enfin fluide et plaisante, enquillant les grandes courbes avec tenue et précision, délivrant les plaisirs attendus de la conduite d’un roadster sur son terrain de prédilection. Le freinage est puissant et rassurant, permettant d’aborder les enchaînements sans retenue.