Essai Wiesmann MF4 GT
Détail ? Ce n’est malheureusement pas le seul dans un registre ergonomique qui est le second plus gros défaut de la voiture. S’insérer dans l’habitacle n’est pas aussi difficile que dans une Lotus Elise, mais presque. Le levier de vitesse est situé beaucoup trop en arrière sur la console centrale, obligeant à un mouvement d’épaule pour changer les rapports. La disposition des pédales décourage toute tentative de talon-pointe, pédale de frein trop haute et éloignée de la pédale de gaz, peut-être réglable, mais pourquoi pas réglé ? L’instrumentation est complète et plaisante à l’œil, mais illisible en roulant, et des reflets parasites empêchent la lecture du compteur de vitesse, même si on quitte les yeux de la route. Un rappel digital de la vitesse aurait pu être logé dans le combiné de voyants situé derrière le minuscule volant. Le passager manque singulièrement d’espace pour loger ses jambes, la boîte de vitesses empiétant sur l’habitacle. Tous les boutons de commande sont en métal (vitres électriques, DSC, etc …), ce qui les rend inutilisables après une station sous le soleil, tout comme le pommeau du levier de vitesse. Enfin, l’absence d’airbags, anachronique, est à relever et regretter. Cet exemplaire souffrait également d’un antipatinage épileptique, régulant le couple en clignotant frénétiquement dans les situations les plus incongrues, mais fort heureusement déconnectable.
Une somme de petits défauts qui, pris isolément, n’ont rien de rédhibitoire, mais font tache lorsqu’on en vient à parler de gros sous et de la faiblesse principale de la MF4. Wiesmann, Manufaktur der Individualisten aux poches profondes, fait de l’artisanat et ça se ressent dans les tarifs. Le prix de base fleurte avec les 180’000 CHF, hors livraison, et la liste des inévitables options creuse le gouffre pour parvenir à la configuration illustrée dans ces pages. C’est à mon sens le plus gros handicap d’une voiture au demeurant attachante, utilisable au quotidien, mais dont la dépréciation promet d’être vertigineuse tant l’image de marque est à construire. Selon lesite officiel, déjà 600 roadsters MF3 et 80 GT ont trouvé acquéreur en Europe. Une niche où la clientèle cherche à conjuguer plaisir automobile et différentiation, voire dandysme. Wiesmann offre une alternative très crédible à un TVR moribond, avec le gage d’une chaîne cinématique éprouvée en grande série, mais quid des 550/575 Maranello faiblement kilométrées qu’on trouve pour moins cher ? Ou, dans un registre légèrement différent, d’une Porsche 997 Turbo neuve ? Malgré tout le charme de la Wiesmann GT, la clientèle susceptible de faire un achat impulsif à ce tarif est rare, soustraire des clients au carré Aston-Porsche-Ferrari-Lamborghini est un objectif ambitieux pour ces artisans allemands, objectif relevé puisque l’usine déménage dans des locaux plus spacieux, avec un but de 300 voitures par an à l’horizon 2009.
Essai Wiesmann MF4 GT: seconde opinion – Xavier Bais
434 Kms, voilà ce que m’indique le gros compteur logé à l’extrême droite de la console centrale, juste à côté du gros compte tour, plus proche du regard et plus lisible. En effet, la vitre du tachymètre renvoie souvent la luminosité ambiante et ne devient claire qu’à la nuit tombée s’illuminant d’un rouge orangé relativement discret et du plus bel effet. Autant dire que pour cet essai la voiture est neuve.
Mais avant de lire les compteurs, il aura fallu entrer dans ce poste de pilotage qui, mètre en main, est plus petit que celui d’une Lotus Elise. Les plus d’un mètre quatre vingt, passez votre chemin ou prévoyez déjà dix séances chez le chiropracteur du coin. L’idéal étant de rentrer la jambe droite en se tenant au volant, de s’asseoir, et d’attraper son pied gauche de la main droite pour le faire entrer dans l’espace qui lui est conféré sinon ce pied frotte sur la portière même grande ouverte. Cette dernière, revêtue d’un magnifique cuir cousu main par des doigts de femmes très habiles, ne mérite pas ça. C’est tout l’intérieur de la voiture qui est de cuir vêtu, avec coutures apparentes dans des tons choisis par l’acquéreur. Car le client est roi chez les frères Martin et Friedhelm Wiesmann. La plupart des poignées (porte, boite à gants) sont en fait de petites boules d’alu en harmonie avec celle du levier de vitesses. Bien assis, très bas dans des baquets en cuir suffisamment enveloppants, on se sent bien tenu. Celui du conducteur est réglable électriquement. J’abaisse un peu le tout petit volant pour mieux voir derrière cet unique écran dédié aux voyants d’indications habituelles (phares, clignotants, clim, les différents modes de fonctionnement…).