vravolta a écrit : ↑26 mai 2022 07:14
Une nouvelle fois, je liste ici des arguments factuels, qui peuvent être contre-argumentés, et je n'ai pas de soucis avec ca. Mais c'est d'un niveau de solidité bien supérieur à dire "les cryptos c'est moche et con" ou encore dire "les cryptos c'est l'avenir car plein de monde bosse sur le sujet" ou encore "je me suis fait plein de blé avec les cryptos alors que mes actions m'ont rapporté 3 fois rien donc la finance tradi, c'est fini, ce qui marche de nos jours, ce sont les cryptos et tout ce qui est assis sur la blockchain".
Sauf que l’existence même d’un fait n’en fait pas nécessairement l’explication de ce que l’on cherche à démontrer et encore moins un universel incontournable. Aussi en lui-même, un fait est neutre et ne prend un poids que dans un contexte défini par ailleurs ou une interprétation que l'on en donne. Nous discuterons plus bas du concept d'"arguments factuels".
Par contre, la science a démontré le vieillissement neurocognitif, plus particulièrement le déclin à partir de 33 ans de l’exécution de tâches complexes comme les mathématiques. Cela réduit d’autant, chez un cinquantenaire, la pertinence et la crédibilité de l’argument de trois ans d’études de cet art. Mais l'on peut comprendre que, face à cette réalité, il soit important pour certains de s’accrocher à leur vécu. Le risque ici est de passer pour un vieux con, c'est d'ailleurs pour cela que j'ai décidé de prendre une retraite très anticipée.
Mais revenons au sujet. Je suis un grand admirateur de Nassim Taleb dont j’ai lu les 4 volumes d’Incerto (Fooled by Randomness, The Black Swan, The Bed of Procrustes, Antifragile). Un de ses principaux points de réflexion est précisément la tendance naturelle que nous avons de donner un poids important aux explications déclarées rationnelles après qu'un événement se soit passé.
Tu n'as pas répondu à la question posée plus haut, sauf à nous garantir de justifier "à chaque fois que je dis qu'une stat est employée de manière inadaptée pourquoi l'emploi n'est pas correct". Une objectivité jupitérienne qu'il reste à démontrer.
Car le papier de Taleb sur la valeur nulle des cryptos n’est pas une démonstration mathématique stricto sensu. Il est un manifeste reprenant les arguments libertaires des promoteurs de la crypto qu'il oppose plus par du dogme que par la science. D'ailleurs, il s'emporte à la fin de son papier. La rigueur voudrait que l'on questionne la pertinence de ses hypothèses de départ, comme le fait que l'intérêt pour le minage puisse tendre vers zéro. Cela dit, c’est du Taleb pur jus, tiraillé qu'il est entre son soucis de précision scientifique, son égo qui lui fait croire qu’il a raison sur tout y compris les sujets qu’il ne maîtrise pas complètement, et ses émotions qu'il ne contrôle pas toujours et qui lui font ouvrir sa grande gueule au risque de le rendre aussi commun que ceux qui l’ouvrent sans posséder son intelligence.
On en vient à l'essentiel des arguments avancés ici par les uns et les autres : en gros, une crypto ne peut pas être parce qu’elle n’a pas les caractéristiques de ce qu’elle cherche à éviter d’être. Ce qui est assez cocasse, cloisonne le débat au dogme et fait que, dès lors qu’intervient un esprit obtus dans la discussion, l'on tourne en rond ce que l'on fait depuis quelques pages et moult copié-collés. Tout cela finit par générer de la confusion dans les esprits soucieux d'imposer leur conviction. Ainsi, il est comique de voir rappeler avec force que la crypto est "une devise comme son nom l'indique" alors que l'on s'évertue à vouloir démontrer le contraire. Relevons que Taleb a compris la nuance et qu'il ne se réfère dans son manifeste qu'au livre blanc du Bitcoin délaissant toutes les autres cryptomonnaies. Il sait, lui, trier le bon grain de l'ivraie
Je ne suis pas du tout apôtre des cryptos. J’investi modestement dans des ETFs et deux compagnies que je connais bien pendant que mon banquier s'occupe du reste. Mais je suis curieux, j’aime m’intéresser à tout ce qui est nouveau, comprendre et réfléchir avec les moyens qui me sont donnés, enrichir mon peu de connaissances et remettre en question mes croyances et mon expérience avant de décider si l'une ou l'autre chose doit être clouée au pilori ou pas. Je m'intéresse beaucoup à la blockchain pour ce qu'elle peut apporter comme valeur dans des applications autres que la crypto, en particulier la traçabilité des droits de propriété intellectuelle, des activités de certification et d'assurance de la conformité et plein d'autres encore en particulier dans le secteur de la santé. Ce sont sur ce types de problématiques, là où la blockchain pourrait servir de base pour une solution là où il n'en existe pas encore, que "plein de monde bosse". Ta conclusion pleine d'arrogance confirme que tu mets tout dans le même panier et que tu t'empresses de jeter le bébé avec l'eau du bain. Un pas qu'un Taleb ne franchit pas puisqu'il se contente de démolir le Bitcoin qu'il découple de la technologie.
vravolta a écrit : ↑26 mai 2022 07:14
Plusieurs choses: déjà, c'est une hérésie de comparer la perte du S&P (ce sont des actions) à la perte d'une devise (c'est une devise comme son nom l'indique).
C'est une hérésie selon l'angle sur lequel on se place. De toute évidence, nous ne regardons pas les choses du même point de vue.
Bitcoin date de 2009, ce n’est pas si jeune. Dans toute son histoire il ne s'est, en gros, pas passé grand chose en dehors d'une petite excitation en 2017. On peut avancer les arguments que tu as développé plus haut sur le blanchiment, le crime, la mafia et l'évasion fiscale. S'il est vrai que cela est à ce point un outil pour ce type d'activités, on peut questionner le véritable intérêt des malfrats pour ce moyen car avant 2020, BTC était plutôt insignifiant. Il lui a fallu attendre octobre 2020 pour que sa capitalisation dépasse les USD 250 milliards.
Il peut être intéressant de se demander ce qu'il s'est passé en 2020 pour que l'on passe de l'encéphalogramme plat au hype pour le BTC et pour les cryptos en général. COVID, WFH, lockdowns et déploiement simultané d'une politique monétaire et d'une politique fiscale (chose plutôt rare dans l'histoire économique), on s'emmerde chez soi et l'on reçoit un chèque dont on se demande bien ce que l'on peut en faire. L'argent coule à flot, il ne coûte presque plus rien, on scrolle sur Instagram où de plus en plus d'influenceurs-investisseurs s'exhibent en Lambo, et l'on se dit que l'on pourrait bien faire un tour au casino et y essayer tant la roulette (cryptos) que le bandit manchot (les marchés traditionnels) d'autant que pleins de potes sur Reddit le font !
Pour ceux-là, il n'y a pas de différence entre cryptos, actions, obligations, fonds, etc. On ne cherche pas à comprendre ce que c'est, ni ce qui les diffère. On se contente de poser ses jetons sur la table de jeu en espérant le jackpot. C'est à mon sens l'une des raisons qui explique que BTC n'a pas été l'instrument contre l'inflation comme il est pourtant avancé dans son livre blanc. Les "investisseurs" sont les mêmes, ont la même psychologie et jouent en pensant que le jeu est le même et que les règles sont les mêmes. Comme il y a proportionnellement plus d'audacieux et parieurs irréfléchis sur la crypto que sur les marchés traditionnels, on y voit plus de sang quand cela tourne mal que lorsque l'on se tourne du côté du S&P 500, du Nasdaq ou ailleurs.
On peut évidemment se poser plein de bonnes questions sur la pertinence des cryptos. La question de la valeur intrinsèque du Bitcoin est débattue depuis 2020 par des experts de tous niveaux qui s'écharpent dans des milliers de podcasts et ailleurs sans qu'il en ressorte quoique ce soit d'intéressant ou de concluant.
En même temps, pas grand monde ne questionne la capitalisation d'un Snap, pour ne prendre qu'un exemple. Pas moins de USD 130 milliards en septembre 2021 pour un truc qui permet de se faire une gueule de chat ou de chien sur un selfie et dont la probabilité qu'il puisse un jour générer du profit est au moins aussi grande que celle de voir le BTC remplacer l'USD. Ou encore les SPACs (
SPACs Are Warning They May Go Bust). Pourtant l'on devrait y passer au moins autant de temps que l'on en passe à s'écharper sur les cryptos avant que l'on ait à pleurer de ces shitstocks dans lesquels nombre y ont leur retraite investie.
vravolta a écrit : ↑26 mai 2022 07:14
Une nouvelle fois, je liste ici des arguments factuels, qui peuvent être contre-argumentés, et je n'ai pas de soucis avec ca.
Si Monsieur Vravolta déclare ses arguments factuels, alors il en fait des réalités qui ne peuvent être niées. Ce qui nous amène à nous poser la question de la sincérité de l'ouverture d'esprit qu'il nous offre dans la seconde partie de la phrase. D'autant plus qu'il soutient systématiquement ses arguments soit par son vécu qu'il généralise, son expérience professionnelle qu'il transforme en connaissance universelle, ou celle de ses proches d'une manière qui nous rappelle un Trump expliquant qu'il avait hérité du génie scientifique de son oncle.
Il doit être plus consistant dans son argumentation ce qui aidera à le rendre plus crédible. Par exemple on ne peut pas, quand l'innovation dérange (crypto), expliquer que les vieilles pratiques (la monnaie telle qu'on la connaît) sont inaliénables, et en même temps quand l'innovation arrange (Tesla), expliquer que les veilles pratiques (celles des constructeurs traditionnels) n'ont n'en plus pour longtemps parce qu'ils n'ont pas compris, contrairement à Musk, que le monde change. On ne peut pas débattre avec des principes à géométrie variable.