yakaz a écrit : ↑06 mars 2021 23:14
Comme vous le savez peut-être, il y a actuellement une pénurie de semi-conducteurs ( en très gros des composants électroniques) ce qui a pour conséquence de poser de (très) gros problèmes de production, non-seulement dans le domaine informatique, mais également dans le secteur automobile.
Il en découle des arrêts d'usines et des délais d'attente en forte augmentation. Sans parler des prix, qui deviennent un peu fou, dans l'informatique du moins.
Je suppose que cela va à terme, aussi se reporter sur les prix dans l'automobile, même si, au vu de la valeur d'un véhicule, l'impact sera moindre sur la note finale.
Du coups, des pronostics pour un retour à la normale ? J'ai lu ça est là qu'une partie de la production est faite en Chine, et que leur marché était de fait servi en premier. Pour le "reste", il n'y a qu'a attendre et à payer, je suppose
Il y a une conjonction de différentes causes.
Avant tout, il faut comprendre que la chaine de fourniture des semiconducteurs comprend la fabrication puis le post-processing et test du silicium (les "puces") puis leur assemblage dans des boîtiers, certains avec des leadframes, d'autres où le silicium lui-même consitute le substrat, et le test final. Il y a des problèmes parmi des acteurs de toutes ces étapes.
Ensuite les causes.
L'effect des lockdowns Covid sur certains pays, les Philippinnes en particulier. Mais ni Taiwan ni la Chine ni la Thailande n'ont réellement été affectés. Les US non plus, sauf la dernière vague de froid au Texas, car sans jus ni eau, il n'est pas facile de faire du silicium. Je ne sais pas à quel degré la production européenne est significative.
L'effet Covid sur la demande et l'investissement.
La demande dans certains secteurs a augmenté, notamment tous ceux dont la demande bénéficie d'un retranchement vers des activités domestiques, l'alimentation d'un cycle de remplacement des équipements, etc ...
Il y a une bulle de demande en Chine qui résulte des problèmes de Huawei qui a surcommandé par précaution, combinée dans le domaine des smartphones par ses concurrents qui ont
tous placé des commandes énormes en espérant
tous capturer la
même part de marché.
Les manufacturiers automobiles ont mal jugé l'effet de covid sur la demande, ont été complaisants sur la force de leurs contrats de fourniture JIT, réagi trop tard et se retrouvent pour certains en
sous-fourniture et arrêt de production. L'automobile cependant ne représentent qu'un petit 10% de la demande de semiconducteurs mondiale, et seulement 4% chez TSMC par exemple. Ils ne sont pas une cause objective. Je ne vois pas comment ils pourraient reporter les coûts sur les prix.
Il est très difficile de quantifier les contributions relatives de ces divers facteurs car le nombre d'acteurs est énorme, les chaînes de fourniture croisées, et il y a au moins 3 voire 4 ou 5 raisons pour lesquelles un chip peut être en rupture de fourniture.
La notion que la Chine se sert en premier est probablement une ânerie.
Les restrictions les plus sévères dont j'ai personnellement une connaissance granulaire n'ont rien à voir avec des acteurs chinois de la chaîne de fourniture. Ca ne veut pas dire qu'il n'y a pas de cas de la sorte, mais de très très gros acteurs au centre des goulets de capacité ne sont pas chinois.
La situation globale est la somme d'une multitude de situations particulières distinctes ou entrelacées.
Actuellement, les délais ont plus que triplé et certains prix légèrement augmenté. Il y a également des cas de mise sous allocation où il est impossible de commander ce qu'on veut à n'importe quel délai. Le fabriquant décide ce qu'il accepte d'allouer et les commandes qu'il refuse. Attitude responsable pour éviter une amplification de la bulle.
Bien malin qui pourrait dire quand ça va se résorber. Je reste convaincu qu'il y des facteurs structurels (la demande de certains secteurs est robuste) et des facteurs artificiels (notamment la bulle télécom chinoise). Une bulle, ça finit par faire pop car le marché télécom chinois fonctionne déjà à somme zéro, les gains en PDM de l'un seront les excédents de stock de l'autre.