Moi qui croyais que posséder une Porsche était le nec plus ultra
j'adore la conclusion
Dix-huit mois après avoir eu un banal accident de la route, Maxime ne sait toujours pas s'il récupérera un jour son Taycan électrique. Récit d'un incroyable imbroglio.
Le choc et ses conséquences ont été à la hauteur de la gamme du véhicule en cause. Le 11 novembre 2021, en voulant éviter un automobiliste qui lui refuse la priorité, Maxime Z., 34 ans aujourd'hui, perd le contrôle de son puissantPorsche Taycan. Lorsqu'il percute un mur, sans faire de victime, le bruit est tel que les policiers de garde à l'Élysée, situé juste à côté, pensent à un attentat et accourent sur place. Leur rapport officiel atteste qu'il s'agit d'un banal accident de la circulation. Ses suites, en revanche, le sont nettement moins. Dix-huit mois plus tard, au terme d'un surprenant imbroglio, Maxime n'a toujours pas récupéré sa voiture, laquelle prend la poussière dans la concession Porsche de Vélizy (Yvelines).
À l'origine, il est pourtant un client fidèle de la prestigieuse marque allemande. Déjà propriétaire d'une 911, ce chef d'une entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables décide, début 2021, de délaisser la flamboyante sportive au profit d'un Taycan plus bourgeois, modèle 100 % électrique lancé en 2019. «
Ça correspondait aussi parfaitement aux valeurs de ma société », précise Maxime. Via celle-ci, il débourse donc 137 000 € pour un modèle d'occasion, totalisant à peine 5 000 km, acquis auprès de la concession Porsche de Saint-Maur (Val-de-Marne).
Dès son acheminement au garage après l'accident, les problèmes commencent. Une première expertise est réalisée. Deux mois plus tard, le 1 er février 2022, le même garage indique qu'il recevra «
très prochainement » les outils nécessaires à la dépose des éléments accidentés, qui pourrait prendre près de deux mois. Le 18 mars 2022, le garage explique que les travaux ont commencé, mais que l'expert doit repasser. En mai 2022, Porsche se dit toutefois sans nouvelles de l'expert en question.
Des travaux estimés à près de 60 000 €
«
C'est vrai qu'il y a eu un retard à l'allumage de la part de l'assurance », note Maxime. En l'occurrence du groupe Allianz, auprès duquel la voiture est assurée via un courtier. L'expert finit par revenir au chevet de la voiture, et chiffre les travaux à près de 60 000 €, montant accepté par l'assureur. Au vu de l'ampleur des dégâts, et de la décote qu'ils ne manqueront pas d'occasionner sur un tel véhicule, qui plus est électrique, Maxime réfléchit un temps à s'en séparer. Il envisage ainsi un «
traitement par différentiel de valeur », avant de faire machine arrière en l'absence de perspective de revente.
Au regard de l'ampleur des réparations à réaliser, le Taycan est transféré à la concession de Vélizy. Maxime prend un avocat. Le 4 juillet 2022, ce dernier met en demeure Porsche Distribution de Vélizy de procéder aux réparations. Mais, depuis, rien ou presque ne s'est passé. «
On m'a servi toutes les excuses, pointe Maxime. On m'a par exemple expliqué qu'il fallait des machines spécifiques, qui étaient en attente, puis que le garage attendait des composants en rupture de stock. »
«
Il y a eu un problème d'outillage, mais qui n'a pas engendré un retard de plus de trois semaines », se défend-on chez Porsche par la voix du directeur du service après-vente pour l'Île-de-France. Le même explique que le véhicule, qui présente «
un pli », nécessite le changement d'un longeron, un élément de la « c
olonne vertébrale de la voiture ». Or restaurer ce type de structure en aluminium, «
proche de ce qui se fait dans l'aéronautique », peut nécessiter «
de quatre-vingts heures à deux cents heures de travail ». Autant dire que l'atelier Porsche ne s'engage pas à la légère dans un tel chantier.
À partir de mi-2022, Porsche indique ne jamais avoir obtenu l'accord pour réparation de son client. Un argument qui fait bondir ce dernier. «
Porsche considère que le demander via mon avocat ne compte pas, répond Maxime. Or je l'ai justement mandaté pour cela. » De guerre lasse, c'est cette fois un huissier qui a effectué, le 1 er mars dernier, une «
sommation interpellative » à la concession Porsche de Vélizy pour qu'elle engage enfin les réparations.
« Je ne sais vraiment plus quoi faire »
Porsche répond à l'huissier que « le véhicule est à l'atelier », et qu'il faudra attendre six mois supplémentaires pour qu'il puisse être réparé. Sur le premier point, c'est faux. «
Il y a eu un quiproquo, justifie-t-on chez Porsche. C'est un autre Taycan, de la même couleur, qui était en réparation, pas celui de M. Z. » «
Nous sommes toujours dans l'attente de l'accord de la société de M. Z. pour replanifier et reprendre les travaux, avance la marque allemande auprès de l'huissier. Si nous recevons un accord sous un mois, nous sommes en mesure de replanifier une prise en charge pour fin août 2023. Il faudra ensuite compter six mois de travaux. »
«
Cet accord, ils l'ont depuis des mois ! » s'étrangle Maxime. A minima, le Taycan ne pourra rouler à nouveau avant 2024. «
Je ne sais vraiment plus quoi faire », souffle Maxime, obligé de louer, à ses frais, un véhicule de remplacement. Un temps, Porsche lui avait même indiqué vouloir exiger des «
frais de gardiennage », avant de renoncer.
Finalement, un accord pourrait être trouvé. Porsche réparerait le véhicule, qu'il rachèterait ensuite pour le revendre à un marchand, la marque allemande se refusant à remettre en vente dans son réseau un véhicule accidenté. Maxime, de son côté, s'engagerait à acheter... un nouveau Taycan flambant neuf, avec une remise, promet Porsche.